Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Ils amènent l'ânon (...) et Jésus s'assit dessus. Marc 11, 7.
22 mai 2011

La Samaritaine (Jn 4) ou la direction spirituelle, mode d'emploi

Genèse 24, 10 Le serviteur prit dix des chameaux de son maître et, emportant de tout ce que son maître avait de bon, il se mit en route pour l'Aram Naharayim, pour la ville de Nahor.

Ami, tu es le plus vieux serviteur d'Abraham et tu vas chercher une épouse pour Isaac. 

Genèse 24, 11 Il fit agenouiller les chameaux en dehors de la ville, près du puits, à l'heure du soir, à l'heure où les femmes sortent pour puiser.

Donc, si je comprends bien, c'est le soir que les femmes sortent puiser, à la fraîche. Ensemble, de préférence, comme pour platusser tout en assurant une certaine sécurité les unes aux autres. L'eau qu'elles rapportent refraîchira la nuit durant, un délice au matin.

Genèse 24, 12 Et il dit: "Yahvé, Dieu de mon maître Abraham, sois-moi propice aujourd'hui et montre ta bienveillance pour mon maître Abraham!

Genèse 24, 13 Je me tiens près de la source et les filles des gens de la ville sortent pour puiser de l'eau.

Et puis, ce sont des gamines qui viennent puiser, de préférence aux femmes mûres. Bon. Tant mieux pour Isaac (quel âge a-t-il, celui-là ?).

Jean 4, 1 Quand Jésus apprit que les Pharisiens avaient entendu dire qu'il faisait plus de disciples et en baptisait plus que Jean --

Jean 4, 2 bien qu'à vrai dire Jésus lui-même ne baptisât pas, mais ses disciples --,

Comment ça, Jean, les disciples de Jésus baptisent et pas lui? Il reçoit le baptême et il ne baptiserait pas ? Et ses disciples, ils ont reçu le baptême de Jean, eux aussi ?

Jean 4, 3 il quitta la Judée et s'en retourna en Galilée.

Jean 4, 4 Or il lui fallait traverser la Samarie.

C'est la pax romana qui lui permet de circuler ainsi à travers la Samarie ? Entre Juifs et Samaritains, c'est chaud depuis longtemps. Récemment, Hyrcan 1er, roi des juifs de Jérusalem ( -134 à -105), a assiégé la ville de Samarie, rasé la ville et le temple de Sichem. Hérode le Grand les reconstruira 80 ans plus tard. Les plus anciens du village s'en souviennent, c'est sûr. C'est pas seulement religieux, leur ressentiment, c'est aussi politique. Quant à considérer le bon exemple de judéité donné par Hérode le Grand, les Samaritains devaient s'imaginer bien des choses quant aux Juifs. Traverser la Samarie, c'est comme filer sur l'autoroute entre l'Allemagne de l'ouest et Berlin à l'époque de la guerre froide, on évite de s'éterniser.

Jean 4, 5 Il arrive donc à une ville de Samarie appelée Sychar, près de la terre que Jacob avait donnée à son fils Joseph.

Une terre, comme un puits (Jn 4, 12), ça se reçoit de plus grand que soi.

Jean 4, 6 Là se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la marche, se tenait donc assis près du puits. C'était environ la sixième heure.

Là, Jésus, c'est l'heure chaude, très chaude. Pourquoi pas chercher de l'ombre pour la sieste ? Qu'espères-tu trouver au puits à cette heure-ci ? Ce soir les gamines viendront puiser l'eau, comme elles sont venues ce matin. Tu dois être bien fatigué pour t'asseoir là dans le cagnard sans moyen aucun pour étancher ta soif. Les disciples devraient te ramener quelque chose du village proche, tu étais trop fatigué pour les suivre.

Jean 4, 7 Une femme de Samarie vient pour puiser de l'eau. Jésus lui dit: "Donne-moi à boire."

C'est pas normal. Cette femme a quelque chose qui ne va pas. Elle sort seule, à l'heure la pire de la journée, elle va puiser l'eau elle-même, sans enfant pour l'aider. Zarbi.

Une femme de Samarie... Eh bien oui, qui d'autre ? Un homme ? Non, ils font la sieste, les hommes. Pourquoi "de Samarie" ? (je pars du principe que ce qui est écrit l'est pour quelque raison, pour noter quelque chose qui n'est pas évident. Dans l'Evangile, les détails sont dignes d'intérêt.) Les femmes du coin sont de Samarie, n'est-ce pas ? Ou bien celle-là est plus samaritaine que les autres. Ou encore, Jean, tu nous dis quelque chose de toi-même : qu'elle soit une femme ne te gêne pas, c'est plutôt qu'elle soit de Samarie qui te gêne. Comme tu nous le sussureras plus loin, c'est même une femme-femme. Même ça, cela passe après qu'elle soit samaritaine. Soit.

"Donne-moi à boire." C'était pas évident qu'il mourrait de soif, cet homme ? Qu'il ait soif d'eau, bien sûr ! c'est le contraire qui surprendrait (un mec aux traits tirés, au bord d'un puits, en plein cagnard...). La femme l'a vu --comment pouvait-on le manquer, cet homme-qui-ne-devrait-pas-être-là. Elle le regarde du coin de l'oeil, c'est sûr. Pas de relation avec lui. Mais voilà, il entre en relation avec elle. Il dit son besoin (vital) et lui dit : tu peux m'aider, je dépends de toi, je l'accepte. Elle note : tu me demandes à boire, tu ne me séduis pas, tu acceptes d'être dépendant de moi, je suis valable à tes yeux. Ouaouh !

Par ailleurs, Jésus, tu ne dis pas "Eh, bonjour, ma belle !" Pas de séduction (se ducere, amener à soi) dans ta démarche.

Jean 4, 8 Ses disciples en effet s'en étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger.

Bizarre, de nouveau. Pourquoi eux et pas lui ? Ou alors, pourquoi pas six disciples dont le trésorier à la ville et six disciples avec Jésus ? Tu leur aurais demandé de te laisser seul un moment ? Tu ne dois pas avoir bonne mine, tiens ! Jean, tu nous dis que, objectivement, Jésus dépend de la Samaritaine pour boire, elle seule peut l'aider. Jésus, tu n'es pas en situation de pouvoir et tu l'assumes. 

Jean 4, 9 La femme samaritaine lui dit: "Comment ! toi qui es Juif, tu me demandes à boire à moi qui suis une femme samaritaine?" (Les Juifs en effet n'ont pas de relations avec les Samaritains.)

Je ne trouve pas dans le texte le moment où la Samaritaine puise et Jésus boit. Alors, imaginons. Pour moi, à la demande de Jésus, la Samaritaine immédiatement puise de l'eau, tend un gobelet à Jésus et, tout en le regardant boire - c'est beau, quelqu'un d'assoiffé en train de se désaltérer d'eau fraiche -, elle l'interroge : "Comment ?!, toi qui es Juif..."

Depuis toujours, je pensais que la Samaritaine discutait avec Jésus avant de lui donner à boire et retournait au village avant de l'avoir désaltéré. Aujourd'hui, j'assiste à tout autre chose dans la scène où je m'invite : Jésus s'adresse à la Samaritaine, elle lui répond avec un gobelet d'eau. Elle le regarde se désaltérer, remarque un ou deux détails. Au moment où il lui tend le gobelet en retour, elle revient en relation avec lui par la question : "Comment ?! toi qui es Juif..."

Comme cette scène d'aujourd'hui est humaine comparée à celle à laquelle j'ai si longtemps cru assister ! Que dit-elle de moi, cette scène ancienne ! Dureté de coeur : de cette eau tu n'auras point que tu ne m'aie convaincue de ceci ou de cela ! Et puis, je suis si plein de mes ressentis que j'en oublie de te désaltérer, je ne fais même plus attention à toi... Quelle drôle d'idée de l'évangile, aussi : direct la lecture spirituelle ! Jésus omniscient, hiératique, qui sonde les coeurs à 30 pas et montre son humanité (la soif) comme un prétexte à vendre son truc de vie éternelle à une nana qui en est à mille lieues.

Or cette scène d'aujourd'hui, quelle simplicité ! tu as soif, OK, commence par boire ; (quelques instants plus tard) t'es drôle, comme mec, d'ailleurs. C'est une maman, cette femme : d'abord on s'occupe des corps, après on cause. Je me sens joyeux, j'admire l'humanité incroyable de l'évangile, je suis touché par cette femme et par Jésus, je me sens bien en leur compagnie, je mesure combien j'ai à continuer de devenir humain moi-même.

La Samaritaine perçoit dans l'étonnant voyageur un homme qui a soif d'eau. Elle, l'eau, elle l'a. Elle, de son côté, a soif de relation. En effet, elle pourrait aussi bien se taire, tirer de l'eau du puits, la lui donner à boire, faire ses propres réserves et remonter au village. 

Au passage, pour la belle, être femme et être samaritaine font deux barrières, pas une. Par ailleurs, elle a reconnu en Jésus un Juif. A son accent, à son accoutrement ?

Jean 4, 10 Jésus lui répondit: "Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: Donne-moi à boire, c'est toi qui l'aurais prié et il t'aurait donné de l'eau vive."

Savoir, donner, (savoir), dire, donner, boire, prier, donner = vivre.

Jésus a-t-il perçu dans cette personne au comportement particulier une femme qui a soif de don, de Dieu et de vie ? Je ne sais comment. C'est bien grandiloquent, ta sortie, Jésus : "si tu savais le don de Dieu..." Qu'est-ce qui t'amène sur ce terrain : quelque chose de la situation ? Quelque parole ? Quelque geste ? D'où est-ce que tu sors que cette femme a soif du don de Dieu ?

... et (si tu savais) qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, ... J'imagine que là, tu lui demandes : regarde-moi mieux, ne te fie pas à ta première impression ("ce mec est un homme juif lambda").

Est-ce pour lui dire : "Merci. Eh, toi aussi, tu peux me demander quelque chose ; ça t'intéresserait, de l'eau vive ?"

Je découvre aussi que Jésus ne répond pas à la question de la Samaritaine. Pas d'explication, pas de justification.

 

Jean 4, 11 Elle lui dit: "Seigneur, tu n'as rien pour puiser, et le puits est profond. D'où l'as-tu donc, l'eau vive?

Ou bien, le sens de sa réponse peut être : Faut pas charrier, si ce que tu as à me proposer c'est de l'eau, t'es pas trop crédible.

Jean 4, 12 Serais-tu plus grand que notre père Jacob, qui nous a donné ce puits et y a bu lui-même, ainsi que ses fils et ses bêtes?"

Je sais de qui est le don de cette eau : notre père Jacob. Nous avons part à la même eau que lui, toi et moi, l'étranger. Celui qui donne l'eau la reçoit de plus haut que lui. Nous, c'est de Jacob. Toi, de qui est-ce ?

Jésus l'a écoutée tout en buvant.

Jean 4, 13 Jésus lui répondit: "Quiconque boit de cette eau aura soif à nouveau;

Jean 4, 14 mais qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura plus jamais soif; l'eau que je lui donnerai deviendra en lui source d'eau jaillissant en vie éternelle."

Jean 4, 15 La femme lui dit: "Seigneur, donne-moi cette eau, afin que je n'aie plus soif et ne vienne plus ici pour puiser."

Ca me pèse de venir ici pour puiser, tu n'imagines pas, étranger !

Jean 4, 16 Il lui dit: "Va, appelle ton mari et reviens ici."

Jean 4, 17 La femme lui répondit: "Je n'ai pas de mari." Jésus lui dit: "Tu as bien fait de dire: Je n'ai pas de mari,

Jean 4, 18 car tu as eu cinq maris et celui que tu as maintenant n'est pas ton mari; en cela tu dis vrai."

Jean 4, 19 La femme lui dit: "Seigneur, je vois que tu es un prophète...

Jean 4, 20 Nos pères ont adoré sur cette montagne et vous, vous dites: C'est à Jérusalem qu'est le lieu où il faut adorer."

Jean 4, 21 Jésus lui dit: "Crois-moi, femme, l'heure vient où ce n'est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père.

Jean 4, 22 Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs.

Jean 4, 23 Mais l'heure vient - et c'est maintenant - où les véritables adorateurs adoreront le Père dans l'esprit et la vérité, car tels sont les adorateurs que cherche le Père.

Jean 4, 24 Dieu est esprit, et ceux qui adorent, c'est dans l'esprit et la vérité qu'ils doivent adorer."

Jean 4, 25 La femme lui dit: "Je sais que le Messie doit venir, celui qu'on appelle Christ. Quand il viendra, il nous expliquera tout."

Jean 4, 26 Jésus lui dit: "Je le suis, moi qui te parle."

Jean 4, 27 Là-dessus arrivèrent ses disciples, et ils s'étonnaient qu'il parlât à une femme. Pourtant pas un ne dit: "Que cherches-tu?" Ou: "De quoi lui parles-tu?"

Jean 4, 28 La femme alors laissa là sa cruche, courut à la ville et dit aux gens:

Jean 4, 29 "Venez voir un homme qui m'a dit tout ce que j'ai fait. Ne serait-il pas le Christ?"

Jean 4, 30 Ils sortirent de la ville et ils se dirigeaient vers lui.

Jean 4, 31 Entre-temps, les disciples le priaient, en disant: "Rabbi, mange."

Jean 4, 32 Mais il leur dit: "J'ai à manger un aliment que vous ne connaissez pas."

Jean 4, 33 Les disciples se disaient entre eux: "Quelqu'un lui aurait-il apporté à manger?" Jésus leur dit:

Jean 4, 34 "Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et de mener son oeuvre à bonne fin.

Jean 4, 35 Ne dites-vous pas: Encore quatre mois et vient la moisson? Eh bien! je vous dis: Levez les yeux et regardez les champs, ils sont blancs pour la moisson. Déjà

Jean 4, 36 le moissonneur reçoit son salaire et récolte du fruit pour la vie éternelle, en sorte que le semeur se réjouit avec le moissonneur.

Jean 4, 37 Car ici se vérifie le dicton: autre est le semeur, autre le moissonneur:

Jean 4, 38 je vous ai envoyés moissonner là où vous ne vous êtes pas fatigués; d'autres se sont fatigués et vous, vous héritez de leurs fatigues."

Jean 4, 39 Un bon nombre de Samaritains de cette ville crurent en lui à cause de la parole de la femme, qui attestait: "Il m'a dit tout ce que j'ai fait."

Jean 4, 40 Quand donc ils furent arrivés près de lui, les Samaritains le prièrent de demeurer chez eux. Il y demeura deux jours

Jean 4, 41 et ils furent bien plus nombreux à croire, à cause de sa parole,

Jean 4, 42 et ils disaient à la femme: "Ce n'est plus sur tes dires que nous croyons; nous l'avons nous-mêmes entendu et nous savons que c'est vraiment lui le sauveur du monde."

Jean 4, 43 Après ces deux jours, il partit de là pour la Galilée.

Jean 4, 44 Jésus avait en effet témoigné lui-même qu'un prophète n'est pas honoré dans sa propre patrie.

Jean 4, 45 Quand donc il vint en Galilée, les Galiléens l'accueillirent, ayant vu tout ce qu'il avait fait à Jérusalem lors de la fête; car eux aussi étaient venus à la fête.

Publicité
Commentaires
Ils amènent l'ânon (...) et Jésus s'assit dessus. Marc 11, 7.
  • Mes commentaires interlinéaires de quelques textes bibliques, lus de façon synchronique (le texte tel qu'il apparaît), et autres ressentis que les évènements m'inspirent. Après tout, ne suis-je pas prêtre, prophète et roi, comme toi ?
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 1 925
Publicité