Ce que j'ai reçu, ce dont j'avais besoin

Ce que j'ai reçu de la part de H., comme suite à mon mouvement de mise à l'écart.

"Bonjour, M.,

"Bientôt quatre semaines sont passées depuis le dimanche de départ de nos invités. Nous avons eu une altercation sérieuse sur laquelle j'aimerais revenir pour que nous puissions arriver à un "Vivre ensemble" plus serein...!

"J'étais fatigué par le poids de l'organisation de ces deux jours. (à 79 ans, on n'a plus le même punch!). Et le fait que le restaurateur n'avait mis que 28 couverts pour les 30 commandés n'a rien arrangé...!

"Tu étais toi-même affecté par la nouvelle que tu venais d'apprendre concernant ton père qui vivait ses derniers moments. Ce que je ne savais pas lorsque j'ai demandé à ton groupe, vers 13h15.., de bien vouloir venir à table.

"En effet, ce repas avait été commandé et annoncé pour 12h30 pour permettre aux provinciaux de pouvoir rentrer calmement...! De plus, le restaurateur, (qui avait "festoyé" tard dans la nuit, suite au Ramadan), m'avait demandé de respecter cet horaire...!

"Aussi, compte-tenu de ces éléments, ta vive réaction t' m'a (sic) déstabilisé et je te prie de m'en excuser.

"Je souhaite vraiment que nous arrivions à vivre en paix, et, en ces temps de Pentecôte, j'espère que l'Esprit Saint nous y aidera.

"Bien à toi.

"H."

Ce que j'aurais aimé lire, ce dont j'avais besoin, en fait :

"Cher M.

"Avant toute chose, je partage ta tristesse : ton papa est mort et j'en ai été bouleversé. Je sais combien tu l'aimais et combien c'était un homme bon. Je te présente mes condoléances.

"Il y a quatre semaines, tu étais troublé et j'en ignorais tout (même si, te voyant de près, j'aurais pu me douter que ça n'allait pas). J'étais fatigué par l'âge, stressé par l'organisation, préoccupé par mon propre souci d'une fête à laquelle je tenais beaucoup. Mais, comme je l'ai vu à ta vive réaction, mon intervention t'a blessé. J'en suis désolé, ça n'était pas mon intention de te faire mal. Je te demande pardon.

"Que pourrions-nous faire ensemble pour mieux nous entendre ? Je suis triste de notre mésentente. Je ne sais comment agir. Je prie l'Esprit Saint de nous aider l'un et l'autre.

"Affectueusement, 

"Ton beau-père, H."

40 jours plus tard, je reçois le courriel suivant :

Titre : Avenir???

Bonjour M.,

Une partie de vos vacances est passée et je pense que la Poste ne fonctionne pas bien "dans les deux sens"! En effet, ma lettre de demande de réconciliation du 07.03 ne t'est pas arrivée, mais ton épouse t'en a apporté une copie le 16.03...!

Si tu m'as répondu, cette réponse ne m'est pas parvenue. Peux-tu me rassurer (par mail, c'est plus sûr!) en me confirmant qu'avec quelques efforts réciproques, il nous est possible d'avoir des relations apaisées. Cela me tranquilliserait pour le futur et il en est vraisemblablement de même pour M.Cécile.

                                                                H., Père de ton épouse.

A laquelle je réponds ceci, le lendemain matin par email :

Merci pour votre lettre, H. J’y ai apprécié votre effort de clarification et votre démarche. Merci pour votre courriel, également.

Comme vous, je constate que nous ne nous entendons pas. Je le regrette. Vous recherchez la paix, je la cherche moi aussi ; nous avons cela en commun.

Je recherche la paix et ne l'avais pas trouvée dans nos relations passées. Je trouve une certaine paix depuis novembre 20xx, où j’ai pris l’initiative d’une distance respectueuse d’avec vous. C'est ce dont j’avais besoin.

Je suis en questionnement incessant, et plus encore depuis la mort de mon père.

Notre relation est peu satisfaisante pour moi, elle constitue un mystère douloureux. Je continue, je ne cesse pas, de chercher meilleure attitude envers vous. En attendant qu'aboutisse ma recherche, soyez sûr que votre respect de la distance que je souhaite hâte le dénouement heureux de notre relation.

Pour recevoir ceci le soir-même :

Bonsoir M.,

Merci pour ta réponse qui va me tranquilliser quant à l'avenir. Je crois, en effet, qu'avec des efforts réciproques, on doit pouvoir aboutir à une relation apaisée, qui, je l'espère, pourra être assez longue en fonction du temps que Dieu voudra bien m'accorder!

Je respecte la distance "respectueuse" dont tu dis avoir besoin. Personnellement, j'ai toujours préféré des relations plus directes, même si l'on a des avis divergents...!

Nous somme très différents sur de nombreux points, mais tu es l'époux de notre fille et à ce titre, l'essentiel pour moi (et pour mon épouse), c'est que vous vous entendiez bien tous les deux.

Alors si, en plus, on arrive à vivre en paix, ce ne sera que plus agréable pour tous.

J'y crois...!!!

H.

Tou y est, l'agenda centré sur soi, l'absence de prise en compte de la situation de l'autre, l'inutilité de la compassion, la convocation autoritaire sans précautions, l'autojustification, la posture de l'arbitre ("je te dis ce qu'il en est, les choses se passeront comme j'ai dit"), l'accusation ("tout converge pour attester que c'est de toi que vient le pb"), l'utilisation des proches ("tu vois, tu les mets dans la mouise avec tes trucs"). C'est du PN assumé. Ma chance, c'est que c'est réfléchi, médité, écrit et confirmé. Je ne l'invente pas. C'est du PN public.

Je peux désormais passer à autre chose.

Luc 4, 30 Mais lui, passant au milieu d'eux, allait son chemin...

Comments

[Pascalledeley]

Il s'agit d'un vol d'énergie, possiblement. Oui, H. vole mon énergie. Lui-même souffre certainement que son énergie lui ait été volée antérieurement, par exemple par une mère toute puissante et harcelante.

Cela étant dit, c'est son histoire, je ne me sens pas le devoir de l'assumer pour lui.

D'abord, retrouver mon énergie et la protéger du vol.

Ensuite, prier pour que H. retrouve son énergie volée.

Cf. Nataché Calestrémé.

[Pascalledeley]

Etre adulte, c'est aussi savoir faire entrer ou non le parent dans mon cercle.

Référence : En Thérapie, Arte, épisode 33. Lles enfants doivent dire aux parents quand ceux-ci peuvent entrer dans leur vie, et quand c'est non. L'enfant donne l'autorisation au parent d'entrer ou non. Dans sa chambre. Dans sa vie. 

[AtzErtty]

Qu'a-t-il donc de si puissant ?

Le pouvoir de me faire ressentir de l'humiliation.

Le pouvoir de me faire ressentir de la culpabilité.

Est-ce lui donner trop de pouvoir ?

[Benutz]

- C'est le moment (que j'ai choisi) pour que nous ayons de meilleures relations.

- Tu veux de la distance, mais ça fait un an !! (d'un air consterné)

- Tu as failli me casser la figure par deux fois, j'attends la troisième.

- Si ton fils ne s'était pas interposé la première fois, tu m'aurais cassé la figure.

- Ca ne m'est jamais arrivé de toute ma vie, une relation pareille, ni dans mon travail, ni dans ma famille.

- A cause de toi, je ne dors plus la nuit.

—

A nouveau, tout y est : la posture du juste offensé et victime, la violence des accusations, le pointage du doigt unilatéral, l'absence de mesure.

Du PN vivace, encore.

Chance : c'est clair et assumé. Lisible.

—

Keep your distance!

[BenAkz]

Si je lis correctement, H. envoie un message et son contraire. Envoyer une lettre à M. est une demande de réconciliation, et en même temps le texte de la lettre est narcissique. Ambiguïté où chacun puise ce qu'il veut. Habile, même si c'est inconscient.