Narcissique
Homme de théâtre : se délecter des projecteurs braqués sur vous. Une situation compliquée par vous-même où vous serez le Centre des attentions, distribuant vos critiques sur les insuffisances des autres, comme autant de menaces. En quatre tous se plieront à vos caprices afin d'épargner votre compagne.
Vous tenez votre rôle préféré, jouant de la voix, alternant postures de bourreau et victime. Du grand art.
Quelle attitude tenir ? Être spectateur ou monter avec vous sur l'estrade ? Je préfère rester à l'extérieur, attendant la sortie. Vienne la fin, le Temps est un grand maître. Vous sauver je ne puis, ni sauver votre compagne. Coupable d'impuissance ? Certes, j'en souffre. Vous punir ? Au nom de quoi ? Vous juger ? C'est tentant. Comment y résister ?
Serait-ce que vous souffrez de votre insignifiance (nous sommes tous insignifiants) au point de la refouler ? Vous faites en sorte d'être le point de mire, celui dont tout le monde parle, autour duquel gravite toute chose, même en votre absence. Votre fille a passé de longues heures à préparer l'entrevue qu'elle vient d'avoir avec vous, et passe de longues heures à en écrire le compte-rendu à ses frères et soeur. N'est-ce pas le signe que votre tactique fonctionne ?
Créer des situations de chaos, d'urgence, de complication. Tous alors s'affairent à minimiser les dégâts que vous causez. Plus ils en font, plus ça vous conforte. Cercle vicieux. C'est ça, la perversion.
Soit. Sans moi, en tous cas.
Moi, mon souci, c'est de vous accueillir comme vous êtes sans être absorbé par votre jeu pervers. Comment y parvenir ? Est-ce seulement possible ? Des connaissances à vous semblent y parvenir. Jusqu'où vont-elles sans jouer votre jeu, sans vous conforter dans votre rôle ? Car enfin, vous en seriez l'unique victime, passe encore. Mais votre épouse ? Consentante, certes, mais a-t-elle le choix ? Sa lobotomie commence à percer.
Je vous dirais bien d'adopter un chien. Il obéirait au moindre de vos ordres, il se réjouirait chaque matin de vous voir, il recevrait tout de vous, il se tairait lorsque vous le lui ordonneriez. Aucune critique, une fidélité servile.
Vous seriez pour votre chien le centre de son univers.