La grâce, élan ou présence ? Présence, assurément.

A la messe ce soir, je me surprends à prier pour que l'état d'esprit que j'ai à cet instant perdure jusqu'à ce soir, perspective d'une discussion familiale pas évidente. N'est-ce pas le signe que je vois la prière / la grâce comme une toupie qui me soutient ou me porte tant qu'elle tourne et me lâche quand elle s'effondre ? C'est donc ça, me dis-je : à la Trappe, cette déception que je ressentais de me retrouver avec mes troubles et mes pensées désordonnées après une période de grâce, comme si celle-ci échouait à couvrir toute la journée mes besoins en soutien. Je voyais la grâce comme un élan et je suppliais le Ciel que cet élan dure le plus longtemps possible pour me soustraire aux troubles et aux pensées.

Or, ce matin, expérience toute différente. Je médite et l'image de moi fracassant de colère la table du salon parce que Matthieu, alors d'un an 1/2, mangeait salement la potée de betteraves rouges que je lui donnais en becquée. Trouble, culpabilité, le sentiment d'abîmer un enfant splendide, le sentiment de blesser un innocent, immense tristesse. Je me laisse ressentir tout cela, je laisse exister tout cela, je sens que le Seigneur guérit tout cela en moi. Plus question d'élan, seulement de présence au Seigneur et à moi-même. Quelle grâce !

Merci, Seigneur. Ta grâce, présence, assurément.